La mise à part de l’argent

Finances 18 Nov

Et si les intérêts hypothécaires de votre nouvelle résidence personnelle étaient déductibles de vos revenus?

En effet, pour les travailleurs autonomes non incorporés, c’est chose possible. Suite à une décision de la Cour suprême du Canada, jumelée à la position administrative de Revenu Canada, ces derniers peuvent désormais utiliser la technique dite de la « mise à part de l’argent » et ainsi transformer les intérêts hypothécaires de leur résidence personnelle, non déductibles, en intérêts déductibles.

Des chiffres renversants

En nous référant à ce tableau, nous constatons qu’un individu ayant choisi d’amortir son hypothèque résidentielle de 250 000 $ (au taux moyen de 3% ) sur une période de 20 ans, pourra déduire de ses revenus, au fil des ans, l’imposante somme de 82 200 $.
tableau des economies MAPA
En utilisant un taux d’imposition de 45 %, le contribuable se retrouvera éventuellement plus riche de 36 990 $ après impôt. De plus, le coût d’utilisation de cette stratégie varie de très faible à nul! Alors…

Qu’est-ce que la mise à part de l’argent?

Habituellement, le travailleur autonome non incorporé se sert de ses revenus bruts (chiffre d’affaires) pour payer ses dépenses d’opérations courantes et il finance ses dépenses personnelles importantes, comme l’hypothèque de sa résidence.

En utilisant la technique de la « mise à part de l’argent », le même individu utilisera le revenu brut de son entreprise pour accélérer le paiement de son hypothèque personnelle et financera dorénavant 100 % de ses dépenses d’opérations. Ce faisant, il transformera graduellement des intérêts non déductibles (hypothèque) en intérêts déductibles (emprunt pour fins d’affaires).

L’exemple de Jean

Jean est un travailleur autonome non incorporé et dans l’exercice de sa profession, il totalise 125 000 $ de dépenses professionnelles (loyer, salaires, fournitures, etc.) lesquelles sont jusqu’à présent payées à même ses revenus bruts professionnels équivalant à 300 000 $. Jean vient également d’acquérir une nouvelle résidence pour laquelle il devra assumer une hypothèque de 250 000 $.

Lorsque la technique de la « mise à part de l’argent » sera en place, Jean utilisera la part de ses revenus bruts normalement destinée à ses dépenses professionnelles pour effectuer un versement hypothécaire supplémentaire sur sa résidence personnelle.

Ensuite, son institution financière lui permettra d’utiliser une marge de crédit hypothécaire pour un montant équivalant au versement hypothécaire supplémentaire qu’il vient tout juste d’effectuer. Ainsi, Jean pourra payer ses dépenses professionnelles courantes avec sa marge de crédit hypothécaire.

Et puisque les sommes empruntées sur la marge de crédit hypothécaire l’auront été à des fins d’affaires, Jean pourra alors déduire de ses revenus les intérêts sur le montant emprunté. Il aura donc transformé des intérêts non déductibles (hypothèque résidentielle) en intérêts déductibles (marge de crédit à des fins d’affaires).

Avec des dépenses professionnelles annuelles de 125 000 $, Jean prendra donc à peine 2 ans pour transformer complètement son hypothèque initiale de 250 000 $ en marge de crédit hypothécaire, rendant du même coup les intérêts déductibles pour toute la durée de vie restante de la dette.

Le salarié et l’immeuble à revenus

Un salarié, tout comme un travailleur autonome, qui possède ou acquiert un immeuble à revenus, pourra utiliser une version différente de la mise à part de l’argent afin de, lui aussi, transformer les intérêts non déductibles de son hypothèque résidentielle, en intérêts déductibles.

En effet, dans une telle situation, l’individu n’aura alors qu’à utiliser la portion de ses revenus de loyer qui aurait normalement servi à payer les dépenses d’opérations de l’immeuble locatif (taxes, assurances, entretien, versements hypothécaires, etc.) pour effectuer un versement hypothécaire supplémentaire sur sa résidence personnelle. Et tout comme Jean dans l’exemple précédent, une fois ce versement supplémentaire effectué, l’individu utilisera alors sa marge de crédit hypothécaire pour payer les déboursés courants de son immeuble à revenus.

Et puisque les sommes empruntées sur la marge de crédit hypothécaire l’auront été pour des fins d’affaires, il aura donc graduellement transformé des intérêts non déductibles (hypothèque résidentielle) en intérêts déductibles (marge de crédit pour fins d’affaires).

Quelques recommandations

Puisqu’il existe d’autres stratégies de planification visant à maximiser les avantages fiscaux de la technique de la mise à part de l’argent, consultez un professionnel qui saura mettre en place une stratégie parfaitement adaptée à vos besoins, tenant compte, entre autres, des aspects suivants :

  • Les règles entourant le partage du patrimoine familial;
  • Les dépenses à caractère personnel et d’affaires (exemple : automobile);
  • La TPS et la TVQ perçues sur vos ventes dans le cadre de votre profession;
  • La situation où les conjoints sont co-propriétaires;
  • Etc…

Source : REMAX-QUÉBEC

Financer l’hypothèque de son enfant, est-ce une bonne idée?

Conseils pratiques 11 Nov

La flambée du prix des maisons et, par conséquent, celle de la mise de fonds, a compliqué la tâche de nombreux premiers acheteurs au cours des derniers mois. Certains ont d’ailleurs frappé à la porte de papa et maman pour obtenir un petit coup de main financier.

Caroline Lizotte l’avoue d’emblée. Depuis un an, jamais cette conseillère en financement hypothécaire à BMO n’a eu sur sa table autant de dossiers de premiers acheteurs impliquant une participation financière des parents. « Désormais, une transaction immobilière sur cinq inclut un don ou un prêt parental. C’était même le cas pour le tiers de la douzaine de dossiers que je traitais au début du mois d’août », observe-t-elle.

Pourtant, la contribution de papa et maman était plutôt rare au tournant des années 2000, tient à préciser cette experte qui évolue dans ce métier depuis 20 ans. « En fait, elle survenait principalement lorsque l’acheteur éprouvait des problèmes de crédit. Aujourd’hui, note-t-elle, cette pratique est devenue monnaie courante, peu importe la situation économique de l’enfant. »

L’augmentation du prix des maisons — plus de 25 % en un an dans certains secteurs du Québec — explique en grande partie cette tendance, avance Simon Giroux, courtier hypothécaire et conseiller en sécurité financière de GPS Équipe Conseil, à Blainville. Le resserrement des règles d’emprunts hypothécaires, qui exigent désormais une pré-qualification à des taux d’intérêt de 5,25 %, ainsi que la mise de fonds de 20 % pour éviter une prime d’assurance, sont aussi pointés du doigt.

Aide parents

Une bonne idée de contribuer ?

Est-ce pour autant une bonne idée de la part des parents de s’inviter au cœur d’une des plus importantes acquisitions qu’effectuera junior au cours de sa vie ? « Pourquoi pas ? répond du tac au tac Pierre-Raphaël Comeau, conseiller expert en gestion de patrimoine à la Banque Laurentienne. Pourvu que la contribution soit faite avec réflexion et préparation, il n’y a aucun mal à ce que les parents, financièrement à l’aise, puissent contribuer à l’achat de la propriété de leur enfant. » Un avis que partage l’ensemble des autres experts joints pour cet article.

« Le problème, c’est que la pandémie a sans doute précipité ce type de contribution dans bien des chaumières. Les impacts de ces décisions précipitées risquent de se faire ressentir au cours des deux prochaines années », craint le planificateur financier.

Même son de cloche de la part de Simon Giroux. Ce dernier redoute que les contrecoups de la surenchère du marché immobilier soient palpables dès le printemps prochain. D’ailleurs, dit-il, plus du quart de sa clientèle de premiers acheteurs l’ayant approché en 2021 a justement repoussé, par prudence, ses plans d’achat malgré l’aide financière des parents.

« Que ce soit 10 000 $, 20 000 $ ou 50 000 $, ce n’est pas un don d’argent qui se fait à la légère sur le coin d’une table », renchérit Pierre-Raphaël Comeau. « Les parents qui le font ont tout avantage à consulter un planificateur financier avant de donner quoi que ce soit. Et cette consultation, qui se déroule d’abord sans la présence de l’enfant, doit comporter une analyse approfondie des impacts sur l’épargne des parents à court, moyen et long terme », insiste-t-il.

 

Responsabiliser l’enfant

La viabilité d’un tel projet repose avant tout sur la responsabilisation de l’enfant, poursuit le planificateur financier de la Banque Laurentienne. « La toute première question que devraient se poser ces jeunes acheteurs n’est pas de savoir s’ils passent à la banque, mais plutôt, à quoi devront-ils renoncer en achetant leur bien immobilier ? » Il faut constamment rappeler aux futurs acheteurs que l’achat d’une propriété ne se limite pas qu’à un paiement hypothécaire mensuel. « C’est aussi des assurances, des coûts d’entretien, des coûts de rénovation, des taxes municipales et scolaires, des taxes de mutation, sans oublier les meubles et accessoires. » Dans bien des cas, c’est bye bye voyages, restos et autres gâteries !

À ce propos, la société américaine Bankrate publiait, en juin dernier, les résultats d’un sondage mené auprès de 1400 jeunes âgés de 25 à 40 ans, récemment devenus propriétaires. Les deux tiers des répondants (64 %) disaient déjà regretter leur achat immobilier en raison de coûts inattendus.

« Avant de donner ou de prêter une somme substantielle à l’enfant, je suggère fortement aux parents de tester la capacité d’épargne de ce dernier », indique Pierre-Raphaël Comeau. Par exemple, dit-il, on demande à l’enfant d’épargner pendant un an le coût d’une éventuelle hypothèque avec tous les autres frais liés à l’achat d’une propriété. Ou à tout le moins la différence de ce montant avec le coût actuel de son loyer. « En plus de servir de test, cet exercice permet de constituer un CELI ou un REER qui pourra être utilisé dans le cadre du Régime d’accession à la propriété (RAP) lors de la transaction », explique le conseiller.

 

À chacun sa contribution

La contribution parentale peut prendre la forme d’un don (en argent ou d’équité) ou d’un prêt. « Le don en argent représente la méthode la plus populaire », note Nancy Canuel, conseillère en financement hypothécaire chez Multi-Prêts hypothèques. « Ce cadeau financier doit provenir d’un parent ayant un lien de sang de premier degré avec l’enfant, notamment le père, la mère, les grands-parents ou encore un frère ou une sœur », mentionne la conseillère. L’acheteur est également tenu de déclarer ce don auprès de l’institution financière qui lui accorde son prêt hypothécaire.

Bien que le don d’équité soit généralement utilisé lors de la vente d’un bien immobilier des parents aux enfants ou aux petits-enfants, Nancy Canuel constate qu’au moins 5 % des transactions impliquant l’aide parentale favorisent cette option. « Certaines institutions financières, notamment Desjardins, permettent aux parents qui détiennent une valeur réelle sur leur résidence d’en offrir une partie sous forme de sûreté supplémentaire à titre de mise de fonds avec certaines conditions », explique-t-elle.

Toutefois, la formule de prêt parental figure rarement parmi l’option retenue, observe la conseillère de Multi-Prêts. Le prêt parental peut avoir comme effet d’augmenter le ratio d’endettement de l’acheteur, mentionne-t-elle. « Et, en plus, les parents seront tenus de déclarer à l’impôt les intérêts versés par l’enfant puisque l’achat d’une résidence personnelle n’est pas admissible à une déduction fiscale », précise Nancy Canuel.

 

N’oubliez pas le testament

Les parents qui choisissent tout de même l’option du prêt ont aussi tout intérêt à revoir leur testament, avertit Karine Précourt, directrice de la planification du patrimoine et de la fiscalité à BMO Gestion privée. « Le prêt devient un actif pour la succession. Si les parents souhaitent que la dette s’efface à leur décès, ils doivent le mentionner dans leur testament. En cas contraire, l’enfant devra rembourser la dette à la succession », explique la planificatrice.

Puisque le sujet de la succession est abordé, Karine Précourt tient à rappeler aux parents l’importance de ne pas confondre égalité et équité envers leurs enfants. « La jalousie entre fratries survient généralement lorsque la situation est jugée inéquitable, dit-elle. Les parents qui participent à une transaction immobilière pour aider un de leurs enfants doivent donc s’assurer que l’équilibre est rétabli de leur vivant… ou à tout le moins lors de leur décès. »

 

Protéger le don

Enfin, les parents qui acceptent de participer financièrement à l’achat de la propriété de junior ont avantage à protéger le don, que l’enfant soit en couple ou non, avisent nos experts. « Les biens acquis avant le mariage ou par donation sont exclus du patrimoine familial. Mais par prudence, il est primordial de documenter le don fait à l’enfant. En plus de la lettre de don exigée par l’institution financière qui accorde le prêt hypothécaire, on suggère fortement aux parents de faire ajouter une copie de cette lettre aux notes de dossier du notaire », recommande Pierre-Raphaël Comeau.

Afin que les parents s’assurent que le montant du don et la plus-value qu’il génère au fil des ans demeurent la propriété exclusive de l’enfant, nos planificateurs les encouragent à rédiger un document à cet effet. Une lettre dans laquelle figurent le montant du don, la date de la transaction, l’adresse de la propriété, la mention que le don ainsi que les fruits du don sont propres à l’enfant, la signature des parents, celle de l’enfant, sans oublier celle du(de la) conjoint(e), si tel est le cas.

 

Source : les affaires.com   |   octobre 2021   |   Par Claudine Hébert